Ou, l'équilibre d'Hardy-Weinberg expliqué aux romantiques et aux fascistes.
Pourquoi cette question saugrenue ?
Ce qui se cache derrière cette étrange
question est avant tout le constat que pour être certain d'avoir des
enfants aux yeux bleus, il est nécessaire d'avoir soit même les
yeux bleus et de trouver un partenaire sexuel aux yeux également
bleus et qui plus est, de sexe opposé. Obtenir une descendance au
regard de saphir semble donc relever
de l’exploit. Au contraire, rien de plus trivial que de produire
des yeux couleur de tourbe ou de mousse flétrie : c'est à la
portée de n'importe quel couple dont au moins un des membres a les
yeux non bleus. Les yeux bleus ne peuvent donc être qu'un état
transitoire dans l'humanité, peu à peu envahie d'insidieux yeux
bruns.
Cette vision se base sous l'hypothèse
tacite et parfois inconsciente que la couleur des yeux est un
caractère mendélien simple. C'est à dire que le caractère est
déterminé par un seul gène, sans interactions avec d'autres gènes,
sans influence de l'environnement. Or c'est faux. Mais pour le
moment, afin de simplifier les explications, et par ce que ça ne
change pas grand chose, nous ferons comme si c'était le cas. Pour
les mêmes raisons, nous ferons une seconde simplification
temporaire : on dira que les yeux sont soit bleus, soit
non-bleus et nous les qualifierons alors de « bruns ».
Pardon pour les yeux verts ou gris qui parcourent ces lignes, la
nature leur a déjà fait un assez beau cadeau comme ça, ils
souffriront bien de ne pas être le centre de l'attention pendant 10
minutes.
Note d'encouragement: Même si cet article n'est pas suffisamment long pour être exact, il présente des processus très généraux et fondamentaux en biologie, qui ont bien plus de valeurs que nos prunelles. Pas de panique, on glissera un mot sur la complexité réelle et ses conséquences en annexe 2.
Note d'encouragement: Même si cet article n'est pas suffisamment long pour être exact, il présente des processus très généraux et fondamentaux en biologie, qui ont bien plus de valeurs que nos prunelles. Pas de panique, on glissera un mot sur la complexité réelle et ses conséquences en annexe 2.
Objection !
Pas besoin d'avoir été facteur pour
savoir qu'un couple aux quatre yeux tous aussi bruns les uns que les
autres, peut avoir un marmot aux yeux bleus. Pourquoi ? (ceux qui se souviennent de leurs cours de 5ème peuvent
sauter ce paragraphe)
"Encadré" (ouais, moi jsais pas faire):
Nous possédons deux copies de chaque
gène (ou presque, n'en parlez pas aux nucléotides de mitochondrie
et de Y, ça
les déprime), une venant de notre mère, une de notre père. Les
copies peuvent être de la même version, on dira du même allèle,
ou d'une version (allèle) différent. La combinaison de ces deux
allèles défini le génotype. Dans notre exemple, les gènes
déterminent exactement la caractère, ici yeux bleus ou bruns, c'est
à dire le phénotype. On pourra se permettre d'assimiler le
génotype au phénotype. Si deux allèles codant pour des yeux bleus
se retrouvent dans le même individus, ses yeux seront bleus, sinon
(deux allèles bruns ou un allèle brun et un bleu) ils seront bruns.
En effet l'allèle brun est dominant sur le bleu. On peut donc porter
un allèle bleu tout en ayant les yeux bruns, parce que l'allèle
brun masque l'expression de l'allèle bleu. Maintenant, admettons que
vous rencontriez une ravissante créature portant également les deux
allèles et que vous soyez assez audacieux pour l'engrosser (ou lui
offrir un pronucleus à fusionner avec l'un des siens (les biologistes sont de grands
poètes)), admettons aussi que son ovule soit porteur de l'allèle
bleu (ovules et spermatozoïdes n'ont qu'une seule copie de chaque
gène, donc toujours un seul allèle), avec une chance sur deux, et
que le champion de vos spermatozoïdes parvenant à le féconder soit
également porteur de l'allèle bleu, également avec une chance sur
deux. Dans ce cas, votre rejeton aura les yeux bleus, il ne s'agit
pas forcément d'une sordide histoire de coucherie.
Bon alors, récapitulons, les yeux
bleus ont tendance à disparaître derrière les yeux bruns, mais les
yeux bruns produisent occasionnellement des yeux bleus. Y'a du plus,
du moins, c'est quoi le bilan de ça ?
Pour répondre rigoureusement, nous
allons d'abord nous placer dans un monde idéal, c'est à dire
répondant à ces propriétés : infiniment grand pour qu'il n'y
ait aucune limite à l'exploration, à la construction d'autoroutes
et au saccage des milieux naturels ; tellement bien qu'on a
décidé de ne plus rien changer ; où aucun habitant d'un autre
monde ne peut pénétrer ; où tout le monde naît et demeure
libre et égaux en droits, santé et gentillesse ; où on se
reproduit au hasard avec n'importe quel habitant de ce monde infini.
Oui précisons que ce n'est idéal que
d'un point de vue de généticien des populations (les
néo-conservateurs auront sourcillé au 4ème point et hurlé au
dernier). Bienvenu donc dans le monde merveilleux de HW, que nous
localiserons par pédanterie sur une île en terre de feu (1).
Si le monde était « parfait » (au sens d'Hardy Weinberg)
Le monde idéal selon Hardy Weinberg ressemblerait un peu à ça... Mais en plus ro | se |
Dans une population de taille infinie, en l'absence de mutations, de migration, de sélection et avec une reproduction aléatoire (panmixie), les fréquences des allèles (allèle codant pour des yeux bleus et allèle codant pour des yeux bruns) et les fréquences des génotypes (ici gens aux yeux bleus et gens aux yeux bruns) restent inchangés d'une génération à l'autre.
La perte des yeux bleus, masqués par
des allèles bruns, est donc exactement compensée par l'obtention
d'yeux bleus à partir de couples dont les deux membres ont les yeux
bruns mais sont porteurs de l'allèle bleu.
Quoi, certain d'entre vous ne
s'inclinent pas humblement face à la vérité scientifique descendant de la montagne dans un écrin de soleil afin
d'illuminer l'humble peuple des simples mortels ?
C'est bien, mais votre esprit critique
vous entraîne sur le terrain des équations... et qui dit équations
dit division par 10 du nombre de lecteurs. Comme il se peut qu'il y
en ait déjà moins de 10, se serait risquer de se retrouver avec
seulement un morceau de lecteur, et le reste de son être pourrait
lui manquer. Je donne donc rendez-vous en annexe à tous les
braves, pendant que les mathophobe passent en revue les conséquences
des cruelles imperfections de notre monde, en omettant, par
concision, la bière non-belge et la buée qui se forme sur les
lentilles de jumelles au moment crucial où la fauvette mystère bondit hors du couvert.
Conséquences de la finitude humaine : la dérive
Drame : apparemment la population
humaine n'est pas infinie ! Voilà qui vient mettre un petit
bémol au raisonnement précédant. Il était exact sous l'hypothèse
d'infinité du nombre d'individu, il n'est plus qu'une moyenne quand
on considère un nombre fini d'individus. Chaque fois que l'on répète
la transmission des gènes on obtient un résultat différent. On ne
peut pas prédire le résultat exact d'un répétition, seulement un
résultat attendu ou moyen sur un grand nombre de répétitions.
En effet, la finitude introduit la
notion de tirage aléatoire, vous savez, les boules dans le sac.
Mettez 10 boules bleues et 10 boules brunes dans un sac, secouez et
tirer en 10. Il n'est pas impossible que vous obteniez la même
proportion, 5 bleues et 5 brunes, et c'est d'ailleurs la moyenne que
vous obtiendrez si vous répétez l'exercice, à partir des mêmes
conditions initiales, un grand nombre de fois (des fois que vous vous
souhaitiez prolonger la présente procrastination). En revanche,
impossible de prédire quel sera le résultat d'un essai en
particulier, il est possible de tirer les 10 boules bleus sans aucune
brune ou l'inverse. Et bien il se passe la même chose au niveau
d'une population (le sac), avec des allèles (les boules) et une
reproduction d'une génération (le tirage, avec remise mais sans
mauvais esprit).
À la génération suivante, on utilise
les fréquences de chaque couleur obtenues au premier tirage
(reproduction) comme fréquences de départ d'un nouveau tirage. Les
changements de fréquences dus au simple hasard se répercutent donc
d'une génération à l'autre. Si aucun autre phénomène que ce
tirage aléatoire n'intervient, il est certain qu'une seule couleur
(un seul allèle) subsistera au bout d'un grand nombre de génération
(pour vous en convaincre, imaginez l'expérience avec un petit nombre
de boules : quand par « accident » une des couleurs
n'est pas obtenue lors d'un tirage, elle disparaît définitivement).
Ce phénomène est nommé dérive génétique.
La probabilité qu'un allèle en
particulier gagne cette partie de loto est égal a sa fréquence au
moment où l'on se pose cette question existentielle. Ça commence à sentir le roussi pour
les yeux bleus, très minoritaires à l'échelle de l'humanité... Pourtant, l'allèle yeux bleus conserve
une probabilité non nulle d'emporter la victoire finale, il part
juste avec du retard. Si l'allèle bleu gagne, le génotype b/b et
donc le phénotype yeux bleus auront envahis le monde.
De plus, le nombre de génération
moyen pour qu'un allèle se fixe (= reste le seul) augment avec la taille de la population (en réalité c'est la taille
« efficace » qui compte, mais on s'épargnera se concept
difficile pour aujourd'hui). Même si la variance du phénomène est grande, il est improbable qu'il prenne moins de quelques millions
de générations vu la taille de la population humaine. Les yeux
bleus ne sont donc pas prêts de disparaître. Bref, la dérive n'est
pas un phénomène efficace dans les grandes populations et est
généralement masquée par d'autres forces évolutives, à savoir...
Charles Xavier avait raison: les mutations
Tous les yeux sont bleus !
Derrière la pigmentation brune dans certains cas. Ça ne signifie
pas que ce qui précède est une tromperie, par contre, cela montre
qu'il est facile d'obtenir un allèle oeil bleu à partir d'un allèle
brun. Il suffit que l'accumulation de pigments dans l'iris de l'oeil
soit altérée d'une façon ou d'une autre (pas de fabrication, pas
de transport jusqu'à l'iris,...).
Des mutations créant de nouveaux
allèles « bleus » à partir d'allèles « bruns »
sont susceptibles de réintroduire de la variété éliminé par la
dérive.
Le Best-of de la biodiversité: la sélection
Si les allèles yeux bleus offrent un
avantage reproductif aux individus qui les portent, alors ils auront
tendance à devenir plus communs, simplement parce qu'ils se retrouvent plus souvent que les autres allèles dans des bébés. Je ne connais pas bien la sélection humaine (les animaux c'est mes amis) donc ce qui suit a surtout valeur d'exemple.
On peut supputer qu'avoir les yeux
bleus en milieu tropical ne facilite pas la vie. Les pigments qui
donne la teinte brune protègent l'oeil des rayons ultraviolets,
limitant diverse pathologies. Les allèles bleus seraient donc
désavantageux pour ceux qui en portent deux copies. Cette
contre-sélection décroissant vers les hautes latitudes où le
rayonnement solaire moyen est plus faible. On peut même supputer un avantage adaptatif des yeux bleus aux hautes latitudes (par exemple une certaine dose d'UV semble utile à la maturation de la rétine et limiterait la myopie (2) ). Ceci relève de la
sélection naturelle. Un avantage est aussi probablement associé aux yeux bleus de l'Ibad des Fremen de la planète Arrakis, mais de façon indirecte, la cible de la sélection n'étant sans doute pas la couleur des yeux, mais la tolérance à un environnement saturé d'épice de ver des sables (3).
Un autre mode de sélection est envisageable ici est la sélection sexuelle. Que l'allèle rende la vie difficile à ceux qui le porte importe peu s'il en fait des sexe-symbole. Il semble que de la sélection sexuelle fréquence-dépendante (une coloration des yeux serait d'autant plus attirante qu'elle est rare) soit envisagé pour expliquer la diversité des regards Européens (4).
Vous trouvez peut-être difficile à avaler que notre succès reproducteur dépende d'un truc aussi trivial que la couleur des yeux. Il faut réaliser que la sélection est un processus efficace (c'est à dire déterministe qui masque l'aléatoire, ie la dérive) quand sa force est supérieure à 1/2Ne, où Ne est la "taille efficace" de l'espèce. En imaginant Ne=50.000 (ça me semble faible mais je ne connais pas la valeur réelle), une probabilité de se reproduire, augmentée de 0.001% par le fait d'avoir des yeux bleus suffirait a assurer leur succès à long terme. Aucune chance qui vous perceviez cet avantage dans la vie de tous les jours, c'est un effet bien trop petit pour être observé à l'échelle individuelle. Pourtant ça ne l'empêche pas d'avoir une puissance implacable à l'échelle de l'humanité et sur quelques dizaines de générations (ni d'être mis en évidence en analysant de gros jeux de données).
Un autre mode de sélection est envisageable ici est la sélection sexuelle. Que l'allèle rende la vie difficile à ceux qui le porte importe peu s'il en fait des sexe-symbole. Il semble que de la sélection sexuelle fréquence-dépendante (une coloration des yeux serait d'autant plus attirante qu'elle est rare) soit envisagé pour expliquer la diversité des regards Européens (4).
Vous trouvez peut-être difficile à avaler que notre succès reproducteur dépende d'un truc aussi trivial que la couleur des yeux. Il faut réaliser que la sélection est un processus efficace (c'est à dire déterministe qui masque l'aléatoire, ie la dérive) quand sa force est supérieure à 1/2Ne, où Ne est la "taille efficace" de l'espèce. En imaginant Ne=50.000 (ça me semble faible mais je ne connais pas la valeur réelle), une probabilité de se reproduire, augmentée de 0.001% par le fait d'avoir des yeux bleus suffirait a assurer leur succès à long terme. Aucune chance qui vous perceviez cet avantage dans la vie de tous les jours, c'est un effet bien trop petit pour être observé à l'échelle individuelle. Pourtant ça ne l'empêche pas d'avoir une puissance implacable à l'échelle de l'humanité et sur quelques dizaines de générations (ni d'être mis en évidence en analysant de gros jeux de données).
Libre circulation des biens, des capitaux et des allèles: migration
Globalement, l'accroissement de la mondialisation au cours des
derniers siècles a entraîné, et ça ne fait que commencer n'en
déplaise aux lecteurs à l'âme brune, des échanges d'humains entre
des populations dont certaines échangeaient peu de gènes
précédemment (à tel point que la diversité génétique se superpose encore assez bien à la géographie (5)). Certains des immigrants se reproduisent au sein des
populations d'accueil, modifiant leurs fréquences alléliques.
Ainsi, la région de présence d'yeux bleus (Europe, Afrique du Nord,
Asie Occidentale) reçoit des migrants venant de régions où les
yeux bleus n'existent pas. La fréquence des allèles bleus y diminue.
Cependant, les émigrants européens introduisent des allèles bleus
dans d'autres régions. À l'échelle de l'humanité, les fréquences
alléliques restent inchangées. En revanche, la dilution des allèles
bleus, initialement concentrés en une seule région, sur toute la
planète, réduit bien la fréquence des personnes aux yeux bleus (la
fréquence des homozygotes diminue), sans qu'elle puisse décroître
en dessous de p² où p est la fréquence de l'allèle bleu sur
terre.
Des limites à l'amour libre: reproduction non-aléatoire
La reproduction n'est pas aléatoire vis à vis de notre gène
codant la couleur des yeux et ce pour deux raisons :
-la première, la plus fondamentale et importante est la
répartition mondiale des allèles aux yeux bleus. C'est essentiellement la même chose que le paragraphe précédant mais d'un autre point de vue.
Originellement, si ce mot signifie quelque chose, la répartition inclus principalement l'Europe du nord, et secondairement le reste de l'Europe, l'Afrique du nord et l'Asie centrale. Il faut maintenant ajouter l'Amérique du nord comme un foyer important. Relativement à la fréquence mondiale de l'allèle bleu, le nombre de personne aux yeux bleus, homozygotes bleu/bleu, est très supérieur à ce que l'on attend dans le monde magique d'Hardy-Weinberg. Ceci est dû principalement au fait que la majorité des allèles bleus sont situés sur une même aire géographique, et le monde n'étant pas tout à fait mondialisé (hum ça c'est profond), se rencontrent plus facilement et forment plus d'homozygotes bleu/bleu que s'ils étaient dilués sur l'ensemble de la planète.
Originellement, si ce mot signifie quelque chose, la répartition inclus principalement l'Europe du nord, et secondairement le reste de l'Europe, l'Afrique du nord et l'Asie centrale. Il faut maintenant ajouter l'Amérique du nord comme un foyer important. Relativement à la fréquence mondiale de l'allèle bleu, le nombre de personne aux yeux bleus, homozygotes bleu/bleu, est très supérieur à ce que l'on attend dans le monde magique d'Hardy-Weinberg. Ceci est dû principalement au fait que la majorité des allèles bleus sont situés sur une même aire géographique, et le monde n'étant pas tout à fait mondialisé (hum ça c'est profond), se rencontrent plus facilement et forment plus d'homozygotes bleu/bleu que s'ils étaient dilués sur l'ensemble de la planète.
-la seconde, moins forte (?), plus polémique, mais aujourd'hui
démontrée, est la formation de couples préférentiellement entre personnes qui se ressemblent, en particulier qui ont la même couleur
d'yeux (6).
Résumé
Alors, en résumé, si le monde était
« parfait », la fréquence des yeux bleus serait
constante. La taille non infinie de l'humanité fait que les yeux bleus ont une probabilité importante de disparaitre à très long terme, mais cet effet est très
faible. Des mutations peuvent recréer des yeux bleus, même s'ils
disparaissaient complètement. La sélection naturelle pourrait avoir
un effet négatif ou positif localement, la sélection sexuelle pourrait avoir un effet
positif, d'autant plus fort que la fréquence diminue. La migration réduit le nombre d'homozygotes, la
reproduction non-aléatoire l'augmente, dans les deux cas sans
modifier les fréquences des allèles. Toutes ces forces évolutives
interviennent évidemment en même temps, en interagissant.
Conclusion... barf même une question aussi naïve est très
compliquée, et il semble impossible de prédire le résultat de
l'évolution humaine à long terme sur ce caractère. Sans trop se
mouiller on peut toutefois avancer que sur quelques générations
aucun changement ne devrait être visible parce qu'aucune des forces
évolutives ne semble ici particulièrement décidée à faire bouger
les choses.
L'air de rien, l'équilibre d'Hardy-Weinberg est un résultat central de la génétique des populations, très utile en écologie et évolution. Cet état théorique jamais parfaitement réalisé, sert en effet de comparatif avec les populations réelles pour déterminer les forces évolutives qui y sont à l’œuvre.
L'air de rien, l'équilibre d'Hardy-Weinberg est un résultat central de la génétique des populations, très utile en écologie et évolution. Cet état théorique jamais parfaitement réalisé, sert en effet de comparatif avec les populations réelles pour déterminer les forces évolutives qui y sont à l’œuvre.
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Pour en savoir plus (hélas tout n'est pas en accès libre):
- Georges Perec, W ou le souvenir d'enfance
- Perpas SB. Light, literacy and the absence of ultraviolet radiation in the development of myopia. Medical Hypotheses 2008;70(3):635-7.
- Frank Herbert, Dune.
- Frost, 2006.European hair and eye color: A case of frequency-dependent sexual selection? Evolution and Human Behavior 27 85–103.
- Novembre et al. 2008. Genes mirror geography within Europe. Nature 456, 98-101
- Bovet & al 2012. Men’s Preference for Women’s Facial Features: Testing Homogamy and the Paternity Uncertainty Hypothesis. PLoS ONE 7(11)
Annexe 1 : démonstration de l'équilibre d'Hardy-Weinberg.
Bande de taupins vous l'avez bien cherché! Des maths, des vrais! (presque)
À la génération de départ on a une
fréquence p d'allèles codant pour des yeux bleus (b), et une
fréquence q d'allèles codant pour des yeux bruns (B). Comme il n'y
a pas d'autres allèles, p+q=1.
Chaque individu a deux copies du gène.
Les individus aux yeux bleus sont homozygotes pour l'allèle bleu,
c'est à dire bb. Leur fréquence est Pbb. Comme la
reproduction est aléatoire, la probabilité qu'un individu porte 2 b
est simplement p².
Les individus aux yeux bruns peuvent
être homozygotes B ou hétérozygotes. La fréquence des individus
BB est PBB=q²,
et celles des individus Bb est PBb.
Comme il n'y a pas d'autres
alternatives, Pbb+PBb+PBB=1.
Pbb= 1 - PBB –
Pbb
= 1 – p² - q²
= ( 1² - p² ) - q²
= (1 - p ) * ( 1 + p ) - q²
= q * ( 1 + p ) – q²
= q * ( 1 + p - q )
= q *( p + q + p- q )
= q * ( p + p )
= 2*p*q
La fréquence de l'allèle b peut être
exprimé comme p = (Pbb
+ 0.5*PBb),
parce qu'il est présent dans chaque allèle des individus bb, mais
dans seulement la moitié des allèles des individus Bb.
De la
même façon q= 1 - p = (0.5*PBb
+ PBB).
Il y a 3 types de
génotypes dans chaque sexe, donc 9 combinaisons de couples
possibles :
-BB x
BB, avec une fréquence PBB*PBB=PBB²,
qui ne produisent que des individus BB.
-BB x
Bb, avec une fréquence PBB*PBb,
produisent ½ de BB, ½ de Bb.
-BB x
bb, avec une fréquence PBB*Pbb,
ne produisent que des Bb.
-Bb x
BB, avec une fréquence Pbb*PBB,
produisent ½ de BB, ½ de Bb.
-Bb x
Bb, avec une fréquence Pbb*PBb,
produisent ¼ de BB, ½ de Bb et ¼ de bb.
-Bb x
bb, avec une fréquence Pbb*Pbb,
produisent ½ de Bb, ½ de bb.
-bb x
BB, avec une fréquence Pbb*PBB,
ne produisent que des Bb.
-bb x
Bb, avec une fréquence Pbb*PBb,
produisent ½ de Bb, ½ de bb.
-bb x
bb avec une fréquence Pbb*Pbb=Pbb²,
ne produisent que des bb.
La
fréquence des rejetons BB PBB(t+1) =
1*PBB²
+ PBB*PBb
+ 0.25*PBb²
=
PBB²
+ 2*(PBB*0.5*PBb)
+ (0.5*PBb)²
=
(PBB
+ 0.5*PBb)²
= p²
La
fréquence des rejetons Bb PBb(t+1) =
1*PBB*PbB
+ 1*Pbb*PBb
+ 2*PBB*Pbb
+ 0.5*PBb²
=2*(0.5*
PBB*PbB
+ 0.5*Pbb*PBb
+ PBB*Pbb
+ 0.25*PBb²)
=2*(PBB+0.5*PBb)
* (Pbb
+ 0.5*PBb)
=2*p*q
La
fréquence des rejetons bb Pbb(t+1) =
1*Pbb²
+ Pbb*PBb
+ 0.25*PBb²
=
(PBB
+ 0.5*PBb)²
= q²
Les fréquences
des génotypes est donc inchangées.
Considérons
maintenant les fréquences des allèles à la génération t+1 :
p(t+1)
= PBB(t+1) +
0.5*PBb(t+1)
= p² + 0.5*2*p*q
= p*(p + q)
= p
et de même q(t+1)
= q
Les fréquences
alléliques sont donc inchangées.
Tadam ! (bin non c'était pas bien méchant)
Annexe 2: Retour sur complexité
Comme promis, rétablissons un minimum
la complexité sur les hypothèses faites en début d'article. Le déterminisme de la couleur des yeux
n'est pas mendélien! Il implique plusieurs gènes en
interaction sans oublier des influences de l'environnement
(indéniables puisque les yeux peuvent changer de couleur au cours de
la vie). Cependant, la connaissance de 3 gènes semble prédire relativement bien la coloration des yeux.
Quoi qu'il en soit, les histoires
d'équilibre d'Hardy-Weinberg restent valides, juste plus compliquées
à expliquer. Une variable supplémentaire à prendre en compte est
la localisation des gènes impliqués sur les chromosomes. Dans ce
cas, les principaux gènes sont sur des chromosomes différents, ils
se comportent donc de façon indépendante et on a pas besoin de
s'embêter avec ça.
De même, inclure plus de 2 allèles
par gène ne modifie pas l'équilibre et les conséquences des forces
évolutives.
Les interactions complexes entre gènes
et les influences environnementales peuvent par contre elles changer
les attendus. Et là, les chercheurs en sont encore souvent à faire du cas pas cas, das patrons généraux étant difficiles à dégager.
Super article petit Schneemaus!!
RépondreSupprimerExcellent ton post! J'aurais du le lire plus tôt... (oups) j'étais trop occupé à te répondre sur la biodiversité ... hihihi
RépondreSupprimerEn ce qui est de la couleur des yeux, Est-ce la somme pure des produits de différents gènes qui code la couleur des yeux ou est-ce une cascade de régulation avec relation de dominance entre les trois gènes mentionnés plus haut?
Je viens de finir l"annexe 1 : j'avais rien de mieux à faire alors j'ai essayé de suivre le raisonnement et j'ai cherché les erreurs...
RépondreSupprimerJe trouve ça juste, sauf que y'a des fautes de frappe voire peut-être un endroit où tu t'es embrouillé avec tes conventions :
1°) à (t+1) c'est la fréquence des rejetons BB qui vaut q² et celle des rejetons bb qui vaut p² puisque "p" est la fréquence des allèles codant pour les yeux bleus et on a donc p = (Pbb + 0.5PBb) et q = (PBB + PBb)
2°) il y a plusieurs fautes de frappes où la fréquence des individus hétérozygotes est écrite "Pbb" au lieu de "PBb" notamment dans l'énumération des combinaisons possible mais aussi après la phrase :
"Comme il n'y a pas d'autres alternatives, Pbb+PBb+PBB=1."
Je sais pas si ce commentaire est vraiment utile, mais bon ça m'a occupé !
Je retourne lire l'article !
Mintberrycrunch
Merci pour cette théorie qui s'affranchie d'une quantité impressionnante de vecteurs biologiques et sociétaux contrôlant la reproduction humaine et tentant de la vulgariser par le calcul, dans le but final d'occulter l'évidence: L'homme bleu, l'homme blond, l'homme blanc, sont trois parenthèses dans l'histoire de l'humanité, qui avant à peine quelque siècles se seront refermées. vous présentez comme inexorable et infinie la probabilité de résurgence de l'allèle bleue, comme en Chine, en Afrique, en Amérique du sud vous voulez dire? Qu'en est-il de la recherche de la complémentarité du patrimoine immunitaire héritable entre partenaires? de la "désintellectualisation" du choix du partenaire, et j'en passe d'autre et des meilleurs. Le nombre des yeux bleus diminue de 0.02% par an sur terre, on imagine qu'a l'horizon 2300, cela sera devenu si rare qu'on en conservera les semences. La France est l'un des pays ou il y a le plus d'yeux bleus. Commencez je vous prie par regarder autour de vous avant de prétendre vulgariser ce que vous prétendez être des vérités. Vous êtes trop ainsi sur la toile, ca pullule, comme les bruns. Merci.
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