Haaaa la sélection sexuelle... mâle Alpha, Bêta, Gamma (non, je ne parle pas d'une obscure fraternité d'une université
américaine). Des exemples on en a plein (cadeaux nuptiaux, parures en tout genre, parade, affrontement...) mais l'homme? pas
touche! mariages forcés, mariages arrangés... sélection sexuelle sur des
caractères externes ? corrélation richesse - bon gènes ? Droit de cuissage
==> mâle alpha chez l'homme ? ... Des questions on peut en soulever plein...
Mais c'est pas le propos de mon article! dommage.. (sur votre demande Léo
accepterait de s'y coller !) Léo Léo Léo!! Bon on s'en fou.
La question posée aujourd'hui est (roulement de tambour) : Existe-t-il un
phénomène d’œstrus chez la femme, comme chez de nombreux mammifères ?
1) Qu'est-ce que l’œstrus ?
L’œstrus est une phase de l'augmentation
de la réceptivité sexuelle femelle, de la proprioceptivité, la sélectivité et
l'attractivité dans le but d'obtenir des mâles de qualité génétique
supérieure pour accouplement (Lange et al., 2002). Ce phénomène est très présent chez les
primates... Janson et al., 1984.
Signal de réceptivité chez la femelle babouin....(Alice vous en dira plus)
Alors qu'en est-il chez l'humain ?
Nombre diront que non, c'est l'amour le moteur, les
critères sociaux externes, l'homme a conscience de lui même, il fait ses choix sur des critères propres (ou sales d'ailleurs ^^). Les sciences répondaient que le phénomène d’œstrus chez la femme a probablement été perdu
(ou cryptique) en faveur d'autres critères sélectifs : soins paternels (degré
d'investissement d'un père auprès de sa descendance) ou encore capacité d'un père à subvenir aux besoins du foyer (Turke, 1984 : ok la ref est vieille
mais c'est pour les besoins de mon intro.).
Depuis la fin des années 1990 nombre
disent que oui.
Aller les gars avouez: est-il impossible
que vous soyez manipulés, de votre insu à votre plein gré comme dirait Virenque
? Phéromones en tout genre (Havlíček et al., 2006), grain de peau, symétrie
faciale et corporelle (Roberts et al., 2004; Manning et al., 1996), ratio
taille / largeur de hanche (Kirchengast & Gartner, 2002), démarche, tenue
vestimentaire; autant de critères sur lesquels vous ne pensiez pas être
manipulé... et pourtant nous serions même influencés par une modification du
débit de parole et de créativité verbale (Thompson, & Young, 2004) (ce qui
est surprenant est que cette relation serait positive....)
Extrait de Péché Mignon (Arthur Depins, ed. fluide galacial). Notez le rapport taille/hanche.....
La
question se pose : comment
juger des modifications de l'attractivité d'une femme au cours de son cycle
ovulatoire en s'abstenant de tous les critères subjectifs (ressemble-elle à une personne que
vous avez aimé, détesté, aimé puis détesté, une mère, une
sœur, Clara Morgane....). Laissez moi vous raconter l'histoire d'un
protocole fort bien pensé (et marrant en plus)...le tout en évitant (au plus) les
critères subjectifs !!
Messieurs, vous ne verrez plus vos dames de la même manière. Mesdames vous
aller découvrir un pouvoir insoupçonné (encore un !)
! Plongeons ensemble dans un magnifique exemple de manipulation du
sexe opposé et qui montre bien que, qu'en on parle de rapport homme-femme c'est bien elles qui décident...
Alors voilà, s'il existe bel est bien un
phénomène d’œstrus chez la femme, il devrait être synchroniser avec la période
d'ovulation. En d'autres termes, être la plus attractive possible lorsque je
suis le plus fertile (nan, jsuis pas une fille...c'est de la pédagogie). Une
étude précédente (Haselton et al., 2007) a montré que les femmes s'habillaient
de manière plus "attractive" en œstrus qu'en phase lutéale (phase
ou la fertilité est la plus basse). Pour ce faire les auteurs ont laissé 30
jeunes femmes choisir leurs tenues vestimentaires en phase d’œstrus et en phase
lutéale. Ils ont ensuite laissé choisir 42 jeunes hommes entre les paires de photos
avec pour question à choix forcé : Qu'elle est la femme la plus attirante? (ils
avaient masqué les visages des demoiselles au préalable). Les résultats montrent que les hommes ont choisi dans 60% des cas (statistiquement significatif
d'après les auteurs) les femmes en œstrus... suffisant ? peut-être....
Les auteurs de l'article que je vous
présente (si si j'y arrive..) ont voulu aller plus loin... Allez cette fois
c'est pour de vrai!
Le proxy utilisé par les auteurs pour
estimer l'attractivité d'un groupe de 18 femmes en fonction de leur cycle
menstruel n'est autre que ........ Le pourboire gagné par des strip-teaseuses
lors de leur différentes lap-dance.... Pour ceux (ou celles) qui ignoreraient
ce qu'est une lap-dance :
- Pour celles ou ceux qui ne comprennent
toujours pas, une vidéo de lap-dance lors d'un spring break.. http://www.youtube.com/watch?v=-IhaexkUUYo ..coquin(e)s va! pour celles ou ceux qui
ne savent pas ce qu'est un spring break....je m'égare..
-
L'autre option est de lire le back-ground de l'article sur lequel je m'appuis
qui commence de la sorte : "Because academics may be unfamiliar with the
gentle-men's club subculture (mon œil ouai!), some background may be helpful to
understand why this is an ideal setting for investigating real-world
attractiveness effects of human female estrus..." Le background est en effet très intéressant et détaillé.
L'équipe de recherche a lancé un appel à
candidature à la sortie des clubs de strip, sur internet etc etc ... Les
participantes devaient pendant 60 jours mentionner la période de leur cycle,
décrire leurs règles et noter leur gain total en pourboire. Les auteurs
réalisaient également des prélèvement hormonaux régulier et elles répondaient à
tout un tas de questions de contrôle. Age, religion, situation familiale etc
etc.....
Bon au total 18 jeunes femmes ont
poursuivi l'étude jusqu'au bout, représentant trois club d'Albuquerque au
Nouveau-Mexique (l'ancien n'était pas terrible à ce qu'il parait).
Bon, quel est le témoin ? me direz vous. 7
danseuses utilisaient la pilule comme contraceptif, les autres n'utilisaient
pas de contraceptif (hormonaux bien sur!, sortons couvert !)
Aller go pour les résultats !
Fig. 1 : Gain moyen en dollar US par
cession de travail (environ 5h) en fonction du jour du cycle menstruel :
Modifié d'après
Miller et al., 2007
Le trait plein représente la moyenne des
gains des danseuses ne prenant pas la pilule, le trait point-tillé celle des
danseuses la prenant. On note une augmentation des gains entre la phase
menstruelle et les phases fertiles et luthéales chez les deux catégories de danseuses.
Cependant les danseuses ne prenant pas de contraceptif présentent un pic de gain
lors de la phase fertile qui est absent chez les danseuses sous œstrogènes.
Fig. 2 : Gain moyen par phase du cycle menstruel
Modifié d'après Miller et al., 2007
Il apparaît que les danseuses sont significativement moins attirantes en période menstruelle qu'en phase fertile ou lutéale, qu'elles prennent la pilule ou non. Par contre un pic de gain significatif est présent chez les danseuses ne prenant pas la pilule au moment de la phase fertile == > Œstrus ?
La réduction des gains en phase menstruelle s'explique avant tout par l'état de fatigue des danseuses. Ceci se comprend bien lorsqu'on imagine qu'une lap-dance se constitue de beaucoup de mouvements de bassins (raideur dans le bas du dos, douleur abdominale sont autant de symptômes fréquents en période menstruelle). Toutefois je n'explique pas pourquoi le gain des utilisatrice de la pilule est inférieur à celui des danseuses qui ne l'utilisent pas dans cette même phase. En effet, un effet notable de la pilule contraceptive est de réduire à la fois la durée, mais également les symptômes associés à la phase naturelle. Les auteurs ne discutent pas du tout ce point donc....des idées ?
En ce qui est de la phase fertile, il a été montré que le pic d'hormones associé à l'ovulation, entraîne une augmentation de la souplesse, une modification du grain de peau, une capacité de cambrure supérieure, une diminution du ratio taille/ hanche (les hanches s'élargissent ... car je ne pense pas que ces dames rapetissent ..^^) etc .. autant de critères reconnus comme étant "attractifs". Les danseuses prenant la pilule ne bénéficient pas de cet effet à cause de la régulation hormonale induite par le contraceptif.
Alors convaincu ?
Les auteurs concluent sur un preuve tangible de l’œstrus chez la femme, en montrant que les résultats attendus s'il n'y avait pas d’œstrus ne sont pas présents. En effet, pourquoi maintenir une sexualité en dehors de la période de reproduction "extend sexuality"? et bien pour continuer à sous-tirer au homme des ressources : alors qu'en phase de reproduction ces dames chercheraient le meilleur partenaire (théorie des bons gènes), en phase lutéale et menstruelle elles chercheraient le plus riche... Or cette étude démontre que les danseuses gagnent moins d'argent en phases menstruelles et lutéales que fertile...
Enfin les auteurs précisent que le choix du "Gentlemen" tient une part importante dans le gain final. Et bien qu'ils ne connaissent pas le déterminisme de ces choix ils précisent : "[...] it seems that the optimal strategy for obtaining tips is to focus on men who are profligate, drunk, and gullible rather than those who are intelligent, handsome, and discerning". Autrement dit, dur de faire de la biologie évolutive humaine dans un système dégénéré où le gain direct n'est pas l'accès à la reproduction pour la dame mais l'argent...et d'extrapoler ce genre d'étude sur la préférence sexuelle femelle...
Pour en savoir plus :
Pour en savoir plus :
G Miller, JM Tybur, BD Jordan - evolution and human behavior, 2007 - Elsevier
Barton, B. (2006). Stripped: Inside the lives of exotic dancers. New York: New York University Press.
Turke, P. W. (1984). Effects of ovulatory concealment and synchrony on protohominid mating systems and parental roles. Ethology and Sociobiology, 5,33–44.
Barton, B. (2006). Stripped: Inside the lives of exotic dancers. New York: New York University Press.
Turke, P. W. (1984). Effects of ovulatory concealment and synchrony on protohominid mating systems and parental roles. Ethology and Sociobiology, 5,33–44.
Merci Pascal pour cet article!
RépondreSupprimerC'est un des (nombreux) problèmes de la biologie évolutive humaine... les hypothèse énoncées cherchent à trouver l'origine des comportements humains dans de la sélection ayant eu lieu il y a bien longtemps, dans des conditions biologiques (dont surtout culturelles) extrêmement différentes...donc forcément dans le cadre de la BEH, tout comportement est condamné à n'être qu'une relique tout droit sortie de l'âge de pierre! (Bon ok j'exagère un tantinet). Et bien souvent cela mène à des simplifications drastiques dans l'interprétation des résultats.
Sinon par rapport à cette étude en particulier, il se peut que la différence de résultats entre le groupe "pillule" et le groupe "pas pillule" ne soit pas dû aux hormones. J'imagine que pas mal de femmes qui prennent la pillule le font Parce qu'elles ont un partenaire régulier, donc peut-être une envie moindre de séduire... la différence serait donc celle due à un choix conscient de ne pas séduire (pas autant en tous cas)...
Pascal, n'hésite pas à poster si tu trouves d'autres études sur le sujet. C'est intéressant!
Jo, j'ai pensé à la même chose que toi, cependant le but de la séduction n'est pas l'accouplement mais l'argent. De fait si les femmes qui prennent la pilule sont moins "investies" dans leur travail, je pense que c'est plus inconscient que conscient.
SupprimerUne autre explication pourrait tenir à la présence d'un individu(au sens statistique) dans le groupe pilule (N=7) qui gagne globalement moins d'argent et tire la distribution vers le bas. Quand aux raisons qui feraient que cet individu gagne moins d'argent elles sont multiples et j'ai trop de classe pour les évoquer ici..^^
haha c'est clair que l'interprétation est un peu rapide, surtout que là pour le coup 18 individus pour une étude c'est franchement limite :|
RépondreSupprimerdommage parce que je trouve l'idée de manipulation en période fertile assez plausible, finalement, mais surtout par le biais du mécanisme d'auto-conviction dont tu as parlé plus haut : le fait que les filles s'habillent moins timidement lorsqu'elles sont en phase fertile pourrait tout simplement être une conséquence psychologique de la délivrance/sortie de la phase assez contraignante des règles.
d'ailleurs dans ce style là, ce serait rigolo de comparer celles qui ont des règles douloureuses à celles chez qui ça passe sans problème, pour voir si il y a une différence de comportement en phase fertile.
mais franchement des études comme ça, ca demande des vraies stats quand même...
au passage, SSAFT a fait un chouette post sur l'origine évolutive probable des règles : http://ssaft.com/Blog/dotclear/index.php?post/2012/02/08/[Le-Mercredi-on-Converge]-L-exception%2C-c-est-les-regles
en rapide et diagonale : mécanisme de défense contre une implantation trop agressive de l'embryon ^^
et j'étais pété de rire à la vidéo de Maïté aussi !!
RépondreSupprimerLe mécanisme d'auto-conviction est plausible, surtout qu'on peut le remarquer au quotidien, après une grosse fatigue, avoir été malade il est fréquent que nous passons plus de temps à prendre soin de nous. Toutefois, l'étude analyse le caractère provocateur, attractif des tenues pas la simple coquetterie. La différence tiens dans la réponse émotionnelle suscitée : entre "tiens elle est charmante j'aimerai papoter avec elle" et "tiens je me la ...." bref tu m'as compris...
SupprimerHello Pascal.
RépondreSupprimerTrès bon article, vraiment bien référencé, et surtout je me suis marré tout au long de l'article!!
J'ai bien aimé:
"et pourtant nous serions même influencés par une modification du débit de parole et de créativité verbale (Thompson, & Young, 2004) (ce qui est surprenant est que cette relation serait positive....)"
Ah ah, effectivement c'est étrange!
j'ai également été surpris par le sens de la corrélation (c'est limite misogyne ça...) Je pense que ça joue sur la perception que l'homme va avoir de la damoiselle (assurance, etc ...). Et encore une fois il s'agit d’œstrus (ponctuel) pas d'un mariage (pas ponctuel)....^^
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