6 oct. 2013

Découvertes récentes en savane, épisode 1 : Les séismes des éléphants.


Le goût, le toucher, l’odorat, l’ouïe, la vue… les 5 sens que l’on apprend à l’école sont-ils les seuls sens qui existent dans la nature ? La réponse est non !
En effet, l’évolution a en effet produit de nombreux organes de perception dont les sens seraient indescriptibles pour nous, humains. Les poissons ont leur « ligne latérale » qui leur permet de sentir les subtils déplacements d’eau, les chauves-souris ont leur « écholochation », les oiseaux leur « magnétoreception »… et les éléphants ont la capacité de recevoir et d’envoyer des ondes sismiques pour communiquer entre eux.
Le sol est un bon milieu pour communiquer car il est relativement peu utilisé par les autres êtres vivants (par rapport à l’air) et il transmet assez peu de bruits parasites, hormis un séisme ou quelques coups de tonnerre de temps en temps. D’autre part, les vibrations peuvent se propager très loin dans la terre car elle est plus dense que l’air: par exemple, la percussion provoquée par le saut d’un homme de 75 kilos a été enregistré à 1 kilomètre et les vibrations causées par les pas d’un éléphant de 3 tonnes peuvent parcourir plus de 36 kilomètres sous terre !

Les éléphants sont connus pour produire des grondements sourds en basses fréquences (10-20Hz) qui se propagent très loin dans l’air, en anglais les « rumble ».
On sait maintenant que les éléphants émettent et reçoivent ces grondements via le sol par l’entremise de leurs pattes avant. Ils possèdent sur la plante de leurs pieds des boules de graisses qui serviraient à faciliter la détection des signaux sismiques et à améliorer la qualité de ces signaux : ce serait une sorte de lentille à vibrations sismiques, un dispositif permettant d’améliorer la sensibilité des éléphants pour capter le plus de signaux possible. La vibration reçue se transmet ensuite aux os des jambes, des épaules, pour aboutir à l’oreille moyenne. Les éléphants peuvent reconnaître les grondements d’alertes de leurs proches, identifier l’origine de l’onde sismique et se mettre rapidement en position de défense : il y a ainsi un véritable réseau de séismes silencieux (pour nous) qui parcoure la savane !


Groupe d'éléphant passant d'une posture détendue à une posture de défense, en réponse à un signal sismique. Toutes les illustrations proviennent de l'article O'Connell 2007.

 --- Pour en savoir plus :
les articles de Caitlin O’Connell sont la référence en ce qui concerne la communication sismique chez les éléphants car son travail a posé les fondations dans ce domaine.
 Lire (en anglais) : O’Connell-Rodwell, C. E. (2007). Keeping an “ear” to the ground: seismic communication in elephants. Physiology (Bethesda, Md.), 22, 287–94. doi:10.1152/physiol.00008.2007

6 commentaires:

  1. Wahou, génial, comment ils ont trouvé ça?? Et... les grondements, ils les émettent comment? Ca serait pas plus facile de faire des claquettes? (genre Fred Astair version Elephant, knowa'aymean....)
    Merci pour cet article!

    RépondreSupprimer
  2. Super intéressant,
    Sais-tu si la même chose existe chez les rhinos par exemple ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les rhinos d'accord, mais surtout: et l'hippopotame?
      A votre avis: c'est qui qui fait trembler la terre le plus fort? l'hippopotame ou l'éléphant?
      Non mais après c'est peut-être plus faire trembler de l'eau. Je sais pas si on peut comparer.

      Supprimer
    2. Les rhinos je sais pas. J'ai vu passer un truc sur les girafes, qui "pourrait" utiliser ça. Pour les hippos je pense qu OUAIS GRAVE. Non mais sérieux, vu que la flotte transmet les vibrations loin, ya moyen.
      Un projet de recherche là dessus, ça branche quelqu'un ?

      Supprimer
    3. Commentaires inutile: Mais les éléphants font les vibrations par la terre, milieu dans lequel les vibration mécaniques se déplacent plus vite que dans l'eau ...
      Donc même si les hippos pouvaient le faire, leur système serait moins efficace.

      Supprimer